PARIS (Reuters) Raymond Domenech se présentera jeudi devant le conseil fédéral de la Fédération française de football (FFF) avec un Euro 2008 calamiteux à assumer mais également quelques arguments de poids en faveur de son maintien.
Le sélectionneur, rentré bredouille de Suisse avec un point et un but en trois matches, devra défendre son bilan et présenter sa stratégie pour l'avenir.
Les 21 membres d'un conseil représentant toutes les familles du football hexagonal délibèreront ensuite avant que le président de la FFF, Jean-Pierre Escalettes, n'annonce le verdict aux alentours de 13h00.
Domenech, dont le contrat court jusqu'à la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud, pourra insister sur le parcours de ses troupes jusqu'en finale du Mondial 2006 après qu'il eut convaincu Zinedine Zidane, Lilian Thuram et Claude Makelele de sortir de leur retraite internationale.
Il pourra également plaider le fait que l'échec de l'Euro 2008 s'explique en partie par un groupe difficile et des circonstances défavorables avec notamment la blessure du capitaine Patrick Vieira.
Domenech comptait sur un amalgame entre vieux grognards et jeunes pousses qui n'a pas pris. Maintenant que Lilian Thuram et Claude Makelele ont rejoint Zidane dans le camp des retraités définitifs, il faut reconstruire. Reste à déterminer avec qui et dans quel esprit.
Pour Vieira, Franck Ribéry ou encore Willy Sagnol, c'est Domenech, par sa connaissance du groupe, qui est le mieux placé pour mettre le cap sur l'horizon sud-africain.
Pour d'autres, et notamment plusieurs membres de la glorieuse bande de France 98, Zinedine Zidane en tête, Didier Deschamps ferait un meneur d'hommes plus présentable pour les batailles à venir.
"On verra s'il y aura un nouveau sélectionneur. En tout cas, c'est vrai que celui qui peut remplacer l'actuel, c'est bien sûr Didier Deschamps", a déclaré Zidane lors d'une conférence de presse durant l'Euro.
"(Deschamps) a en tout cas toutes les capacités. Il connaît le groupe, il connaît très bien le foot, je pense que ça serait légitime si un jour il prend la succession", a ajouté le chef d'orchestre retraité, dont le génie a cruellement fait défaut à l'équipe de France pendant l'Euro.
PLATINI VOTE DOMENECH
La stratégie de la rupture n'a cependant pas que des partisans. Le camp des pro-Domenech a même reçu cette semaine un renfort de poids en la personne de Michel Platini, légende des Bleus et président de l'UEFA.
"Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est renouveler les joueurs et se qualifier pour la Coupe du monde 2010", a souligné Platini dans les colonnes de L'Equipe. "Or, le mieux placé pour y parvenir, c'est Raymond, parce qu'il est celui qui connaît le mieux les joueurs en place et ceux à venir."
Si le maintien de Domenech peut être considéré comme une probabilité, il risque de ne pas être inconditionnel. L'homme aux sourcils broussailleux et souvent froncés est en effet de plus en plus mal perçu dans l'opinion et son image d'entraîneur sans trophée finit par peser.
Sa philosophie du jeu, basée sur une défense de fer, au demeurant rouillée sur les pelouses de Suisse, a en outre été désavouée lors d'un Euro marqué par le triomphe de l'animation offensive débridée.
Domenech pourrait se voir imposer une sorte de sursis sous forme d'objectifs chiffrés à atteindre avant la fin de l'année. Certains, au sein du conseil fédéral, pourraient également proposer d'encadrer le sélectionneur par un comité de surveillance.
De telles dispositions auraient sans doute le don d'irriter un homme réputé pour son intransigeance et son caractère imprévisible.
Les raisons d'espérer existent. Une génération a passé le relais après la débâcle de l'Euro et une autre, dorée, s'apprête à prendre le pouvoir. Les Karim Benzema, Samir Nasri et autres Hatem Ben Arfa pourraient faire des ravages et bientôt redonner le sourire aux supporters des Bleus.
Avec Domenech aux commandes ? C'est la question lourde d'enjeux que devront trancher dans les locaux parisiens de la FFF les membres du conseil fédéral.
Sam 5 Juil - 14:32