En déclarant à Alger «cette visite est fructueuse, mais tout n’est pas réglé», les Allemands et les Britanniques ont certainement piqué un fou rire.
De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari
Eux qui, dès le départ, savaient qu’avec son projet d’Union méditerranéenne, devenu grâce à la vigilance européenne, Union pour la Méditerranée, N. Sarkozy allait droit vers le mur. Lorsqu’à l’aéroport Houari- Boumediene, le ministre français des Affaires étrangères avoua son échec algérien. En termes diplomatiques, tout n’est pas réglé, veut tout simplement signifier, rien n’est réglé, il confirma, par là même, la charrette des appréhensions de l’Union européenne envers le démagogique et fantasmagorique plan de Sarkozy. Cependant, une question demeure : que veut, réellement, le couple Sarkozy- Kouchner et qu’attend-il de l’Algérie ? Alors que tout le monde, ici, à Bruxelles et ailleurs sait, parfaitement, que Paris a organisé le sommet du 13 juillet prochain (proclamation solennelle, en principe, de l’Union pour la Méditerranée) de telle sorte qu’Alger en soit sinon exclu, du moins marginalisé, voilà l’Atlantiste jusqu’à l’os du président français, l’antialgérien le plus primitif de l’exécutif, mis en orbite par Sarkozy, dépêché, en urgence, à El Mouradia pour convaincre le président algérien de rejoindre, tête basse, quelque chose qui ne dit rien qui vaille de bon pour l’Algérie. Alors même qu’une semaine auparavant, Michèle Alliot-Marie, ministre hexagonale de l’Inétrieur, amie, réelle, de l’Algérie, représentant au sein de l’écurie sarkozienne le courant favorable à un rapprochement loyal et sincère avec notre pays, avait acté le peu d’engouement, c’est un euphémisme, algérien, pour l’Union pour la Méditerranée. A moins que ceci n’explique cela. Sarkozy, aussi rusé que vindicatif, en chargeant Kouchner de persuader ses interlocuteurs d’Alger de rejoindre l’UPM, voulait, précisément, l’échec de la mission. Qui peut croire, honnêtement, que Bernard Kouchner allait réussir là où Michèle Alliot-Marie échoua ? L’actuel locataire de l’Elysée qui connaît, à merveille, les relais néocolonialistes et le paternalisme de son ministre des Affaires étrangères, a joué habile en le chargeant d’une telle mission. Contrairement à ce que l’on peut supposer ou penser, le président français ne cherche pas l’adhésion de l’Algérie le 13 juillet prochain, il veut, tout bonnement, sa bienveillante compréhension, sa neutralité positive, le temps d’installer durablement l’Egypte, le Maroc et la Tunisie dans les structures qui jailliront du futur ensemble qui naîtra à Paris l’été prochain. En assénant, vulgairement, que «l’Algérie est un pays majeur en Méditerranée», comme s’il y avait des «pays mineurs», ou d’autres phrases vides de sens comme lui seul, Bernard Kouchner, sait en fabriquer, le chef de la diplomatie française a, en fait, annihilé les tentatives sincères de Michèle Alliot-Marie de colmater les brèches. C’est réussi. Pour le reste, Bernard Kouchner n’a pas démenti les informations essentielles. Concernant l’Egypte, il a confirmé que Hosni Moubarak sera, bel et bien, coprésident de l’UPM. Sur le siège, le secrétaire permanent et le secrétaire général de la future configuration, Kouchner n’a pas démenti les préférences marocaine et tunisienne de l’Elysée. Il a, tout simplement, demandé à Alger de rejoindre la caravane, déjà en branle, si notre pays veut un petit lot de consolation...
A. M.